04/01/2013

ÉMILE TIRILLY POSTES EN INDOCHINE

Carte des postes et lieux de séjour de Emile Tirilly
Très rapidement les gardes sont dispersés, par groupe de deux à trois, au sein de petits postes défendus par des sections de supplétifs. Ces fortins isolés, harcelés de nuit par un Viêt-Minh insaisissable, sont parfois violemment attaqués et submergés. Cette situation devient rapidement le quotidien des gendarmes servant en Indochine. (Gendarmes en Indochine - Flament Marc)

Notre père, pendant ces deux années est affecté à différents postes en Cochinchine. Ils se situent dans le secteur de Longxuyen puis de Vinh Long. La carte ci-dessus les représente suivant les informations de ses cahiers journaliers et de ses archives.

1948, au poste de Cho Lach secteur Vinh Long, le garde Emile Tirilly et son collègue
Avec les Légions de Marche, les gendarmes perpétuent et illustrent les traditions combattantes de l’institution. Intégrés dans des formations articulées sur le type du « bataillon d’infanterie », ils participent activement au combat contre le Viêt-Minh. Pour beaucoup, leur engagement consiste à encadrer de petites formations autochtones au sein de postes isolés. Plus de 700 postes sont ainsi placés sous la responsabilité de la gendarmerie, et souvent d’un seul gendarme, de la frontière de Chine à la pointe de Camau. Au total, pour la guerre d’Indochine, la Gendarmerie comptera 655 morts dont 12  officiers et 1 500 blessés. (Source : http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr)
1947 -1949 souvenir de collègues mort au combats

La Guerre des Postes par Lucien Bodard

Aucun homme n’est plus seul que le chef de poste. Il ne peut que compter sur lui. Il sait qu’il est condamné à mort car, à la moindre faute, à la moindre défaillance, il doit payer du prix de sa vie. Il ne peut jamais se relâcher, sa survie dépend de son attention. La guerre en Indochine est un jeu terrible, aux lois précises, quasi mathématiques. Il ne faut jamais les enfreindre, sous peine de mort…

Au cours de cette pacification, l’armée s’est clouée sur place. Installée dans des points forts, elle s’efforce de faire tache d’huile sur la nature environnante, les rivières et les jungles viêt-minh. Il n’y a pas de grande guerre, mais des dizaines, des centaines de petites guerres locales… Les grandes villes rassemblent les états-majors, les services et les intendances. Là on ne se bat pas, on fait de la politique et des affaires. Les troupes sont rares, juste des unités de réserve générale. C’est l’arrière, même si les assassins Viêts abondent. La lutte contre eux est menée d’abord par la police… J’ai comme une obsession du poste, du poste éternel. C’est toujours la même vision. Qu’il se dresse au bord d’un arroyo, au sommet d’un piton, c’est chaque fois un petit univers fermé, dominé par un drapeau tricolore accroché au sommet d’une perche. L’on retrouve l’enceinte en rondins grossiers, le mirador, semblable à une réduction de la tour Eiffel et, aux angles, les blockhaus de pierre et de bambou, primitives boîtes qui contiennent des mitrailleuses. Tout est sommaire… Puisque l’on ne détruit pas les viêt-minh, il devient nécessaire de tout protéger contre eux, il faut garder les routes, les populations, les récoltes. L’on construit donc des postes par milliers. C’est une nouvelle guerre…

1948, au poste de Cho Lach secteur Vinh Long

Dans chaque poste, le sergent ou le caporal français est toujours semblable. On le voit torse nu, au milieu de ses partisans en noir, sinistres avec leurs dents en faux or et une serviette-éponge autour du cou. C’est chaque fois le grouillement des ngos et des femmes des supplétifs, c’est la voix criarde de la congaï du Français, c’est aussi la saleté, la chaleur, le lent épuisement, le pourrissement sur place. Et toujours, à l’arrière-plan, l’idée fixe du danger et de la trahison…
En ce temps-là, le Français est, en principe, inexpugnable dans son poste, car les viêt-minh n’ont encore que très peu d’armes automatiques. Mais les Viêts rôdent alentour, dans la nature, des ombres. Dans cette lutte à mort, le vainqueur c’est le plus rusé… Lucien BODARD extrait de « l’Enlisement » 1962

Notre père racontait qu'il ne dormait jamais la nuit, et le jour une sieste pour récupérer en alternance avec son collègue. 
Une nuit il échappa à une attaque massive des Viêts, tous les postes de son secteur furent attaqués sauf le sien.

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